La lune se reflétait avec splendeur sur la surface de l'eau. J'étais face à lui, face à ce garçon qui me cherchait et que je cherchais. Nous ne faisions pas vraiment attention à l'eau à côté de nous, trop occupés à nous jauger et à deviner le mouvement de l'autre. Je n'étais pas sûr de l'attaquer, pas tout de suite, mais s'il le faisait lui ? Tout avait commencé en une belle matinée ensoleillée. J'avais eu un réveil brutal à cause de cet enfoiré de Shawn qui m'a balancé mon réveil en pleine gueule. Sous prétexte qu'il sonnait et que ça le réveillait, il s'était énervé et j'en avais subi les conséquences. " Va te faire le vioque ! " Il était déjà reparti dans sa chambre pour se rendormir, mais je savais qu'il m'avait entendu. Je me suis levé, j'ai mangé un bout et je me suis préparé avant de filer jusqu'au lycée. Je ne voyais pas l'intérêt d'y aller. A quoi bon vivre une vie normale alors que je n'étais plus normal ? Malgré tout, je n'avais rien d'autre à faire alors j'y allais. Dans les couloirs, je croisais ce mec populaire que j'avais bien remis à sa place il y a quelques jours maintenant. Un sourire s'imprima sur mon visage tandis que je passais à côté de lui. Il ne se souvenait plus de ce qui s'était passé, grâce à mon don d'hypnose. Est-ce que ça marcherait sur un chasseur ? Ils sont humains aussi, du moins à la base. Quoiqu'il en soit, tout avait commencé normalement dans le meilleur des mondes pour ma nouvelle vie épanouissante.

C'était jusqu'à ce que je me cogne à un gars qui le regretterait. Mais quand j'ai remarqué que ce gars n'était autre que Jean-Baptiste, ma colère se transforma en amusement. " Quelqu'un aurait besoin de lunettes ? C'est pas pratique de toucher un loup-garou quand on est bigleux. " Je passais mon chemin, en restant là pour le moment. Ce garçon c'était... Un enfoiré. Il tuait les garous, comme tous les chasseurs. Mais alors lui, il avait un caractère de pourri et venant de ma bouche, ça signifie vraiment quelque chose. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de le trouver amusant et même intéressant. Je ne suis pas masochiste, même si je ne suis pas contre les expériences, mais c'est un ressenti que je ne peux pas m'empêcher d'avoir. Enfin, intéressant ou pas, je n'hésiterais pas à lui trancher la gorge s'il tente de me tuer. Mais c'est ça le truc entre nous. Que ce soit l'un ou l'autre, on en arrive jamais à se tuer, malgré le nombre de coups foireux que l'on s'est fait. Même s'il était à mes pieds, faibles et totalement vulnérable, je sais que je ne pourrais pas en finir avec lui. Je ne devrais pas penser comme ça, après tout il tue les gens comme moi. Mais c'est plus fort que moi et même si là aussi ça m'amuse, ça m'énerve beaucoup. Si je n'arrive pas à le tuer, c'est une faiblesse et le pire, c'est que je n'arrive pas à mettre de terme exact sur cette faiblesse. Il est hors de question que je me laisse avoir et hors de question que je sois un faible. Pendant toute la journée, on s'est croisés et ça a été des tapes violentes avec l'épaule, des coups dans le ventre discret ou encore son crayon enfoncé dans ma main. Bref, c'en était trop. " Ramène toi au lac ce soir que je te règle ton compte. Enfin, à moins que tu te pisses dessus à l'idée de te retrouver seul avec moi. "

Le soir venu, je me suis ainsi rendu jusqu'au lac sans prévenir Shawn. Il ne m'aurait pas interdit ou quoi, mais je ne voulais pas qu'il se mêle de cette histoire. Elle impliquait un chasseur et je ne voulais pas que JB remonte jusqu'à lui. Oui parce que Jean-Baptiste c'est trop long. J'arrivais donc au lac, patientant puisque je ne savais pas quand il viendrait. On aurait presque dit que j'attendais quelqu'un d'important étant donné mon impatience, mais pas du tout, bien au contraire. Pourtant, il me faisait réagir plus que les autres, non ? Pas le temps de réfléchir plus, son odeur parvint à mes narines en même temps que son ombre se profilait au loin. Il s'avançais vers moi et s'arrêtait à plusieurs mètres tandis que je restais immobile face à lui. On aurait presque dit un vieux western, si l'on changeait le décor. " Alors finalement, tu n'es pas allé te réfugier sous la jupe de ta mère ? " Un sourire provocateur ornait mes lèvres. J'aimais le faire réagir, j'adorais ça. Je ne sais pas pourquoi. Parce qu'il me voyait, parce que je comptais pour lui, même si ce n'était pas en bien. Depuis ma transformation, j'aimais me faire remarquer, mais avec lui c'était différent. S'il ne me détestait plus, s'il ne me voyait plus, je crois bien que j'en souffrirais. C'est con à dire, mais autant être franc. Tant que lui ne le sait pas après tout. " Et maintenant ? Je t'avoue que j'aurais été partant pour un bain de minuit, mais pas sûr que ce soit de mise, si ? " Feintant l'innocence, mon ton sarcastique ne pouvait que me trahir, ce que je souhaitais.