Sujet: But I'm only human + Lesha Sam 18 Oct 2014 - 1:58
And I bleed when I fall down
Lewis ∞ Sasha
La musique résonnait bien trop fort aux oreilles de Sasha. L'empêchait de penser par la force des tambours qui semblaient se faire une joie de se répercuter dans tout son corps. Elle ne savait pas pourquoi elle était venue ici. Les boîtes de nuit, elle n'aimait pas ça. Dans sa vie d'avant, il lui était arrivé d'y passer du temps avec des amis, mais elle n'avait jamais réellement apprécié l'endroit. La musique trop fort, les boissons pas assez alcoolisées et qui vidaient les portefeuilles bien trop vite, les hommes trop insistants... Mais à Kingsbury, les endroits pour passer du temps lorsque l'on est une adolescente en quête d'expérience ne sont pas légions. Alors fatalement, cet endroit était devenu son lieu de prédilection. Ce n'était plus le cas depuis longtemps. Si elle ne l'aimait pas particulièrement dans le temps, à l'heure d'aujourd'hui, elle le détestait. Assise sur son tabouret près du bar, elle buvait silencieusement, tentant d'oublier les récents événements. Elle ne savait faire que ça depuis quelques temps, c'était triste à dire. Elle n'arrêtait jamais de les ressasser, pourtant. Comme si Lewis prenait un malin plaisir à ne pas vouloir s'effacer de son esprit. A ne pas vouloir partir. Elle le voyait partout. Derrière elle lorsqu'elle marchait, sous ses paupières lorsqu'elle clignait des yeux, dans ses rêves et cauchemars lorsqu'elle dormait. La seule façon de s'octroyer un peu de repos était de boire. A n'en plus pouvoir. Et c'est ce qu'elle faisait ici. Elle ne pouvait décemment se rendre au bar du coin sans savoir si ses parents n'y avaient pas fait un petit tour après sa disparition. Elle ne voulait pas être reconnue, pas encore. Pas par des amis de sa famille en tout cas, ou pire, d'anciens camarades d'école.
Elle sursauta lorsqu'un homme vint s'asseoir à ses côtés. Au départ, elle crut le reconnaître. Elle eut une seconde d'effroi lorsqu'elle pensa que celui qui venait de la rejoindre n'était autre que son geôlier. Mais comme elle était venue, l'illusion cessa. Il n'y ressemblait en rien. Brun aux yeux foncés, il avait l'air ... Gentil. Sasha avait lu quelque part que l'esprit pouvait parfois faire voir ce que l'on avait particulièrement envie de voir, ou ce qui nous effrayait le plus. Sans exprimer ce doute à voix haute, il arrivait à la jeune femme de se demander ce qui, de l'effroi ou de l'envie rythmait ses illusions. Alors que l'homme commençait à parler sans qu'elle ne puisse en entendre le moindre mot, elle se leva, signifiant clairement qu'elle n'en avait pas grand chose à faire, finit son verre et partit, sans un regard en arrière. Elle ne pouvait se lier. Pas ici. James et Ichabod suffisaient. Ils étaient cassés, brisés, paumés. Comme elle. Ils étaient ses nouveaux ancrages, mais elle ne pouvait se permettre d'en avoir plus que ça. Pas dans la réalité dans laquelle elle vivait. Alors elle se fondit dans la foule dansant sur la piste de danse, grimaçant au moindre contact. Les frôlements lui faisaient toujours cet effet là, l'envie de vomir, de crier, de partir en courant. Personne ne pouvait plus la toucher sans qu'elle ne réagisse ainsi. Sasha sortit donc de cet amas humain sans aucune cohérence pour se retrouver près de la sortie pour fumeurs. C'était une bonne idée. Aller sans griller une lui remettrait sans doute les idées en place.
On dit souvent que le destin réussit à trouver sa place n'importe où. Evite de te faire écraser lundi, tu te retrouveras à te prendre un piano sur la figure mardi. Et bien pour Sasha, le destin se montra bien plus brutal qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Sa cigarette n'en était qu'à la moitié lorsqu'elle le vit, débouchant de la seule et unique entrée. Sans qu'elle ne puisse dire comment, elle savait que cette fois, ce n'était pas une illusion. Il était là, devant elle. Lewis. Et c'est en le fixant, ses mains tremblantes aggripées au dossier de la chaise qui se trouvait à côté d'elle, qu'elle su qu'elle n'avait pas la moindre chance de s'en sortir. Premièrement parce qu'elle était dans un cul de sac. Deuxièmement car elle ne savait toujours pas ce qu'elle ressentait en le voyant, et sa nausée ne fit que s'accentuer. Alors elle joua le culot et en baissant la tête, lui passa à côté, lui rentrant presque dedans, tout en faisant le maximum pour ne pas le toucher. " Je rentre, désolée." Un grognement. C'est tout ce qu'elle avait pu sortir. Parce qu'elle comprenait maintenant le tumulte de son esprit. Elle était comme l'animal blessé qui cherchait un échappatoire. L'animal qui ne savait pas encore s'il aurait la force de se battre encore contre le chasseur. Parce que cet animal là était un lâche. Un fuyard, qui n'avait pu se libérer que par un miraculeux hasard. Son animal à elle n'avait rien d'un prédateur. Ce n'était pas le cas de Lewis.
Sujet: Re: But I'm only human + Lesha Sam 18 Oct 2014 - 12:15
Lewis n'avait vécu que deux énormes bouleversements dans son existence. Deux événements qui l'ont amené à s'aventurer au-delà des bornes bien délimitées de la raison et de la décence. Le sol s'était dérobé sous ses pieds lorqu'un loup déjoua tous les pièges et protections de la maison familiale pour dévorer tous ses occupants, l'épargnant, le laissant pétrifié et maculé du sang des siens. La seconde fois fut lorsque Sasha mit les voiles. La découverte de sa disparition le mit hors de lui. Littéralement. Trois jours durant, Lewis ne fut qu'une coquille de chair habitée et animée uniquement par la frustration, la rage. Boule de chaos qui s'était cognée contre les murs de tous les étages de son habitation. Il avait ravagé les lieux, détruisant tout ce qui lui tombait sous la main. Plongé dans un état second d'où rien ni personne ne pouvait l'en arracher, il avait combattu contre des objets inertes trois jours et trois nuits dans une folie d'une blancheur éclatante où l'humanité et la raison n'avaient pas sa place. La fatigue de la chair avait eu le dessus sur la rage, le corps de Lee abdiqua et il s'écroula sur un sol jonché de débris. Le retour à la conscience fut sec. Lewis quitta les lieux et organisa son départ aussi méthodiquement que rapidement. Le monstre en lui s'élança à la poursuite de la louve. Elle n'avait que quelques jours d'avance et le caractère inespéré de son évasion lui avait fait commettre une erreur. La localisation par satellite de la voiture qu'elle avait volée à son ravisseur la trahit. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne la retrouve. Et il le fallait. A tout prix. Jamais le manque n'avait torturé Lee et c'est avec irritation qu'il prit soudain la pleine mesure de la chose. Il en devenait imprudent et ce n'est pas le corps sans vie, roué de coups, d'une parfaite étrangère qu'il a molesté jusqu'à s'en écorcher les phalanges qui le contredira. Ce n'est plus le geôlier frustré que l'on se soit joué de lui et assoiffé de vengeance qui court sur les traces de Sasha, c'est un mourant qui n'aspire qu'à retrouver le remède qui lui permettait tout bonnement de vivre.
Kingsbury...en fouillant dans les maigres affaires que Sasha avait sur elle lorsqu'il la ramena chez lui, Lewis avait eu connaissance de ce patelin. Elle y avait passé son enfance et comme un saumon retrouve le cours d'eau où il a vécu, elle était retournée là-bas. Par pur réflexe animal car le travail de sape que Lee avait entrepris sur la louve lors des trois années de sa détention avait semé les graines du chaos dans sa cervelle. S'il concédait qu'il avait besoin d'elle, l'inverse était loin d'être faux. Bête syndrome de Stockholm diront certains. C'est bien plus que cela répliquera Lewis d'une voix cassante. Ce lien, cette relation est inclassable, incompréhensible même pour eux. Lee ne peut s'expliquer cet attachement frisant la folie qu'il éprouve pour la louve. Et cette dernière, abandonnée à elle-même, doit aussi se demander quelle étiquette coller au milieu de son front. Kingsbury...le terminus de cette course contre la montre avait d'abord montré un visage avenant et souriant, un bled banal comme il y en a des milliers. Au fil des heures, les yeux froids du chasseur avaient observé les rides et cicatrices qui défiguraient la cité. Ici aussi, les loups trottinaient au milieu des humains et outre Sasha, il en avait déjà repéré d'autres. Mais avant d'entreprendre le gros oeuvre, il devait récupérer son animal évadé, son exutoire, son jouet.
Lee traînait souvent dans les boîtes de nuit. Ce n'était ni pour l'ambiance ni pour les femelles de son espèce court vêtues mais pour l'invisibilité octroyée par la foule. L'espace confiné, la musique assourdissante et lma promiscuité des corps brouillaient les sens mais également ceux des lycanthropes. Les traques de Lee passaient souvent dans ce genre d'endroit où les occasions d'approcher et d'observer sa proie en restant parfaitement insoupçonnable ne manquaient pas. Lorsqu'il mit les pieds dans celle de Kingsbury, il ne pensait alors que récolter quelques informations supplémentaires sur la famille Ivanova. Il savait déjà que la soeur était une junkie patentée et que le paternel avait rejoint les rangs des chasseurs. Avec ironie, Lewis s'était dit que ça serait une riche idée que de s'approcher de ces derniers. Il couperait ainsi un point de retraite à sa chère louve et il aurait un moyen de pression fou sur elle. Lui n'avait plus aucune famille, il ne possédait aucun levier affectif sur lequel on pouvait peser pour le manipuler mais Sasha, sa douce et gentille Sasha, devait être de celles capables de l'ultime sacrifice pour sauver les siens. A peine une heure qu'il était dans la discothèque que sa patience se vit récompensée. Avant même qu'il ne la vit, Lewis sentit qu'elle était là. C'est comme un singulier tiraillement au milieu de sa poitrine, un instinct qu'il ne connaissait pas jusque là et qui lui fait lentement tourner la tête. Regarde dans cette direction, maintenant. Verre à la main, Lee avait entendu sa nuque grincer lorsqu'il fit volte-face sur son tabouret. Et il vit. Sa créature de douleur si fragile mais si forte, le réceptacle de ses pulsions les plus violentes et les plus délicates. Lewis céda deux secondes de son existence à ce sentiment anormal qui lui nouait les tripes. Au milieu des effluves de sueur, de parfum et d'alcool, un vent frais imperceptible sauf par lui sembla souffler et la musique presque assourdissante devint un chorus angélique. Des retrouvailles, ça se prépare. Sasha n'ira pas plus loin maintenant. Elle a l'air si perdue, si épuisée. Clément et magnanime, le monstre de Lewis accorde à la lycanthrope quelques minutes de liberté angoissante. Tu n'auras, bientôt, plus besoin d'avoir peur et de souffrir de la crainte, ma Sasha, ronronne tendrement le monstre derrière les lèvres closes de Lewis. Il quitte le bar, semant derrière lui un billet pour régler ses consommations, et se poste guère loin de la sortie menant à l'impasse des fumeurs. A voir sa louve éviter tout contact et grimacer lorsqu'un corps frôle le sien, il n'aura pas à rester bien longtemps dans les ombres pour la surprendre. Les nerfs fragilisés de Sasha auront désespérément besoin de solitude, de silence. Elle passera devant lui sans le voir et il refermera le piège.
5...4...3...2...1... La main de Lewis se pose sur la poignée de la porte menant à la cour des fumeurs. Le son rythmée de la sono jaillit dans le silence de la nuit avant de se taire lorsqu'il la referme en s'y appuyant à peine. Elle est là, au milieu d'une flaque de lumière, cernée par les ténèbres nocturnes. Par pur réflexe, elle se tourne. Les yeux d'un bleu glacial s'accrochent au vert de ceux de la louve et la scène se fige un court instant...presque une éternité. Aucune parole échangée, aucun geste esquissé. L'unique mouvement perceptible est celui des poitrines qui inspirent et expirent, et ce point rouge incandescent d'une cigarette, feu follet qui tressaille à une main tremblante. Si une terreur viscérale oblige Sasha à étreindre le dossier d'une chaise, vide son visage de toute couleur, c'est la satisfaction et une joie sadique qui illumine celui de Lewis. Tel un vampire, il aspire la moindre lueur autour de lui. Ne fait-il pas plus sombre? Enfin, Sasha brise l'immobilisme qui les frappe et d'un pas qui se veut décidé, puisant dans ce courage fascinant dont elle n'a pas réellement conscience, elle avance, s'apprête à le dépasser en murmurant un "je rentre, désolée". Lee décroise les bras et s'empare du poignet de la louve, la tirant sèchement en arrière pour l'obliger à lui faire face. Elle heurte à peine sa poitrine, qu'il la pousse rudement contre le mur de briques de la boîte. Bras tendus et mains plaquées sur la surface rugueuse et froide, il lui coupe toute issue, cette soudaine proximité l'obligeant à ne voir que lui et son ombre occultant leur environnement. Juste toi et moi...comme avant... Pas de bonsoir? Pas de câlin pour nos retrouvailles? murmure-t-il d'un ton doux et onctueux. L'une de ses mains se détache du mur et Lewis effleure délicatement du bout des doigts la joue de la louve. Une moue d'enfant déçu s'imprime sur ses traits tandis que le frôlement glisse le long de la mâchoire de Sasha, coule sur sa nuque. Tu me déçois, Sasha... Les doigts de Lewis se referment sur la gorge de la lycanthrope tandis que son corps se love contre le sien. ...une fois de plus. déclare-t-il d'une voix basse presque grondante. L'étau se resserre autour du cou de la jeune femme jusqu'à ce que Lee sente contre sa paume le cartilage de la pomme d'Adam se déformer. Caressant de sa joue celle de Sasha, ses lèvres frôlent son oreille. Tu as raison, tu vas rentrer. Mais n'en soit pas désolée. ironise-t-il en reprenant ses paroles. Ne t'ai-je pas manqué, Sasha?
Sujet: Re: But I'm only human + Lesha Sam 18 Oct 2014 - 14:05
And I bleed when I fall down
Lewis ∞ Sasha
On pouvait observer une personne brisée rien qu'en la regardant dans les yeux. Les âmes cassées avaient cette lueur dans le regard, ou du moins cette absence de lueur. Cet éclat qui n'apparaissait plus, comme s'ils avaient oublié qu'ils avaient le droit d'espérer un avenir meilleur. On pouvait même pousser l'observation plus loin. Voir la détresse dans chacun des mouvements de ces gens-là. Imaginer qu'ils ne seraient sans doute jamais plus en paix de toute leur vie. Sans doute était-ce la raison pour laquelle Sasha ne voulait pas encore retrouver sa famille. Elle ne voulait pas qu'ils voient à quel point celle qu'ils avaient connu n'existait plus. Sasha Ivanova n'était qu'une pièce de plus perdue au fond de l'eau d'une fontaine. Une de ces disparues que l'on aurait enterrée sans corps. A l'exception que cette pièce là avait été repêchée. Plus sale, plus abîmée. Terne, de celles que l'on gardait au fond de son porte-monnaie au cas où la monnaie serait manquante. Pas de celles que l'on sortirait en premier. Elle n'avait plus d'éclat, plus de joie, plus d'envie. Voilà précisément la raison pour laquelle elle ne voulait pas croiser le chemin de Milana et de son père. Ils seraient immanquablement déçus. Dégoûtés. Sans doute seraient-ils heureux ... Un temps. Puis la réalité les rattraperait. Le choc de la situation. Petit à petit, elle ne serait plus qu'un poids pour eux. L'angoisse de ses troubles psychologiques, de ses expériences. La peur de l'avoir perdu sans pour autant pouvoir la déclarer morte. Elle ne voulait pas leur infliger cela. Alors elle les observait. De loin. Sa soeur, qui semblait mal en point. Son père, qui n'était que l'ombre de celui qu'elle avait connu, aimé, bien qu'il ait l'air de s'en relever. Et sa mère ... Sans doute cette vision la hanterait-elle à jamais. Sa mère était la plus touchée.
Plongée dans ses pensées, elle ne réalisa pas tout de suite à quel point elle était en mauvaise position. C'est lorsque les yeux de cristal qu'elle avait tant haï, tant voulu voir se déposséder de leur lumière, se posèrent sur elle que sa conscience lui envoya un signal d'alarme. Pourtant, elle ne pouvait détacher son regard de celui qu'elle considérait encore, à mi-voix, comme son maître. Il avait plutôt bien fait son travail, malgré sa fugue, malgré sa tentative de retrouver sa liberté. Parce qu'avant la peur qui finit toutefois par s'emparer de tout son corps, la figeant dans un temps qui semblait ne plus vouloir repartir, arriva le soulagement. La fin de son voyage, la fin de la peur continuelle de se faire attraper. Retrouver son repère. De quoi elle se moquait ? Il était le centre de son existence, tout son être était en souffrance depuis qu'il n'était plus là. Au fond d'elle, Sasha savait que ce n'était que le prix de sa liberté. Que le sacrifice serait la perte de cette relation si particulière, si malsaine ... Si tentante. Si elle avait pu connaître l'amour, sans doute qu'elle aurait pu dire qu'il était son unique amour. Celui qui la détruisait, la consumait, l'anéantissait pour la rendre docile. Celui dont personne ne voudrait mais le seul qu'elle connaissait réellement. Et s'il était là, à l'observer, si elle n'avait pas encore le ventre ouvert de la rage de son geôlier, peut-être était-ce parce que le syndrome qui la rendait si faible face à lui n'avait jamais fait qu'elle comme victime.
Mais la jeune russe finit par s'éveiller, se mettre en mouvement. La seule pensée de son père, qu'elle aurait voulu serrer dans ses bras une dernière fois, égoïstement, avant de revivre le cauchemar qui l'avait rendue si faible la poussa à ses premiers instincts : la survie. Mais alors qu'elle aurait presque pu croire une possibilité de fuite, si médiocre soit-elle, lorsqu'elle sentit les doigts de Lewis se refermer sur ses poignets, elle sut que tout était perdu. La violence des mouvements ne faisaient que donner un écho à ses tentatives d'échappatoire. Elle avait pourtant beau essayer de se dégager, rien n'y faisait. Il l'avait retrouvée, et rien ne pouvait l'empêcher de la récupérer. Surtout pas elle.
Sasha garde les mâchoires serrées, la peur empêchant ses cordes vocales de fonctionner correctement, bloquant le moindre son au fond de sa gorge. Les doigts de Lewis courraient sur sa peau, et Sasha fut pris d'un frisson. Elle ne savait pas si elle en voulait plus, mais elle en connaissait la fin. Avec Lewis, les choses se déroulaient souvent ainsi. L'apparente douceur pour finir dans la douleur. La suffocation mortelle. Pendant un instant, terrible instant où l'étau des mains de Lewis se refermait sur sa gorge sans faiblir, Sasha sentit son heure venir. Pour une fois, une seule fois, il ne s'arrêterait pas. Il la tuerait, pour la punir de n'avoir pas su rester à sa place. Elle aurait voulu s'excuser, lui dire qu'elle ne le ferait plus, pour simple et unique but de rester en vie. Mais la seule chose qu'elle put faire fut d'exprimer sa douleur par une seule et unique larme, qui dévala sa joue jusqu'à se perdre quelque part entre son cou et la main de son agresseur. " Lâche... Moi..." Deux simples mots qu'elle avait réussi à sortir de sa gorge en feu, comme une blessure qu'elle aurait rouverte précipitamment. Respirant avec difficulté, elle put sentir le souffle de Lewis sur son oreille. Et si elle aurait voulu qu'il s'éloigne pour qu'elle puisse retrouver le cours de ses pensées, elle ne s'était pas senti plus à sa place qu'ici depuis sa fuite. Pourtant, elle réussit à heurter son regard, déterminée. Mais c'est d'une voix tremblante, presque geignarde qu'elle le confronta. " Pourquoi tu ne me laisses pas?" A travers ses yeux clairs, elle pouvait clairement voir la folie qu'elle connaissait si bien, cette folie déconcertante qui pouvait le faire passer de la haine au besoin, de l'envie à la mort. " Tu ne m'as donc pas assez fait souffrir?" Mais les cauchemars finissent toujours par revenir hanter les hommes. C'est bien ce qui la rendait si effrayée à l'idée de continuer à vivre.
Sujet: Re: But I'm only human + Lesha Dim 19 Oct 2014 - 0:00
La gorge de Sasha tressaille contre sa paume, les mots qu'elle va articuler seront brefs car l'étau de ses doigts ne laissera pas s'échapper une longue litanie. Cette voix qui peuplait son silence lorsqu'ils n'étaient que deux à New York, ne supplie pas ce soir. Elle essaie de se montrer autoritaire? Cela aurait pu être "mignon" si elle ne venait de terminer une cavale que Lewis estime définitivement trop longue. A peine séparée de lui voilà que Sasha développe de bien vilaines habitudes, comme celles de croire qu'elle peut lui ordonner quelque chose. Lewis grince des dents et ses mâchoires se crispent. Il courbe la nuque jusqu'à ce que son front s'appuie sur l'épaule de la louve. Un soupir bref et sifflant s'échappe de ses lèvres. Qu'elle ne l'énerve pas. Pas maintenant. Pas ici. Sois une gentille fille, Sasha. Un contact humide glissant entre sa main et la gorge lui fait redresser la tête. Son regard bleu plonge dans le vert et doucement, il penche la tête sur le côté, surpris. Il reste donc encore des larmes à verser pour ces yeux-là? Le regard clair glisse le long de la traînée luisante qui zèbre la joue de Sasha. Tu parles d'une réaction émotive, c'est un gâchis de belle souffrance. Un sourire angélique éclaire son visage et le ton qu'il emploie se fait compatissant, rassurant. Cruel contraste entre la musicalité apaisante de sa voix et la cruauté de la teneur de ses paroles...Ne pleure pas, Sasha. Je ne t'ai encore rien fait. Pour l'instant. Car le monstre se contrôle et le seul geste délibérément létal dont il a fait preuve perd de sa vigueur. Graduellement, l'étreinte sur le cou de Sasha se desserre pour lui permettre de respirer plus confortablement. Mais Lewis ne relâche pas son attention pour autant. Il vient à peine de remettre la main sur sa petite louve évadée et il est hors de question de la laisser filer une seconde fois.
Combien de temps montrera-t-il ce visage amène car il revient toujours, le monstre qui le possède. Libérée de l'étranglement, Sasha souffle plus qu'elle n'articule et c'est une singulière question qu'elle pose. Lewis se fige une fraction de seconde et un pli soucieux apparaît sur son front. Un battement de cils et le bleu serein de ses iris prennent l'éclat froid d'un couteau affûté. Ses paupières s'étrécissent. Pourquoi ne la lâche-t-il pas? N'a-t-elle pas compris quelle place elle occupe? Ne voit-elle pas le caractère inédit de son statut? Les loups-garous, jamais ne durent face à Lewis Carlton. Il est implacable et les rares congénères qui ont rejoint Sasha dans une geôle avoisinante à la sienne à New York bouffent tous les pissenlits par la racine à l'heure actuelle. Comme un enfant, Lee se lasse vite des situations et des jeux. Mais pas avec elle, elle a survécu trois années. Elle lui a survécu trois années. Autant dire une éternité. Et même si Lee la laissait bien souvent dans un état proche de la mort, il a toujours fait preuve d'attention et de diligence en réparant avec méticulosité son petit jouet brisé. Tu es à moi, Sasha. A moi, tu saisis? réplique-t-il d'une voix un peu trop froide à son goût. Ce n'est pas une hypothèse, c'est gravé dans la roche. Une évidence...elle lui appartient, c'est aussi assuré que le lever du soleil chaque matin. Il n'y a pas à se satisfaire d'une évidence, on s'y adapte, on l'accepte. Pourquoi luttes-tu contre cela, Sasha? C'est perdu d'avance. Elle pourrait le lacérer de ses griffes, le déchiqueter de ses crocs mais elle ne l'a jamais fait. Pour la même raison que Lewis a pris soin d'elle "à sa façon".
Claquement de langue désapprobateur et un brin vexé en entendant la seconde question de la louve.C'est une question rhétorique j'espère? Parce que non. J'en aurais jamais assez de toi. Le verdict est sans appel. La seule chose à attendre et à espérer de Lewis n'est pas une rédemption ou une amélioration. C'est un adepte du pire et il n'aura de cesse de s'enfoncer dans les ténèbres jusqu'à ce qu'elles l'aient intégralement rongé. Et ces spirales noires sont en train de s'étendre, la démence de Lewis s'ébroue, cachée trop longtemps derrière un masque de chair avenant. On peut sentir les orages avant qu'ils n'arrivent. L'air qui semble s'appesantir. Ce picotement qui rampe sur la lampe. Cette légère odeur d'ozone portée par le vent. Sasha connaît les prémices des tempêtes de Lewis. Pourquoi tu gâches cet instant... commence Lewis, une moue mélancolique aux lèvres avant que sa voix ne se durcisse une fois de plus jusqu'à être franchement menaçante. ...avec tes questions aussi stupides? Vif et brutal, le poing de Lewis fuse à côté du visage de la louve pour s'écraser sur le mur près d'elle. La douleur est fulgurante et Lee sent sa peau se déchirer sous l'impact. Crachant un juron à voix basse, il s'écarte d'elle, glisse les mains dans ses cheveux courts et blonds avant de décocher un coup de pied dans une chaise qu'il envoie se pulvériser contre le mur opposé. Les vagues furieuses de la folie s'écrasent sur les parois du crâne de Lewis. A ses oreilles résonne le rythme martial de son coeur, sa respiration s'accélère. Reportant son attention sur Sasha, il se jette sans sommation sur elle, l'empoigne par les pans de sa veste avant de lui faucher les jambes. Accompagnant la chute de la jeune femme, il enjambe son corps étendu avant de s'accroupir et de s'asseoir sur son bassin. Parant de l'avant-bras les mains de Sasha, il se saisit de ses poignets qu'il plaque rudement au sol. Le regard glacial se baisse sur le visage de Sasha, prenant possession de son champ de vision et sans détourner les yeux de ceux de la louve, il ploie le dos jusqu'à ce que son souffle meurt sur les lèvres de la jeune femme. Tu es mon jouet préféré. murmure-t-il sur le ton de la confidence. Ses doigts s'écartent, libérant les poignets de Sasha. Ils glissent le long de ses bras, sur ses épaules, se faufilent dans ses cheveux sombres étreignant doucement quelques mèches brunes. Celui que j'userais jusqu'à la corde et dont je ne me séparerais jamais, qu'importe son état. énonce-t-il en souriant laissant sa phrase en suspens avant que son inhumanité ne prenne le relais. Le sourire qu'il affichait devient rictus carnassier et il n'y a plus de tendresse dans la manière dont il étreint les mèches brunes de Sasha uniquement une envie de faire mal. Il lui soulève la tête avant de reprendre. Celui pour qui je retournerais chaque foutu caillou de cette foutue planète pour le retrouver. Tu comprends? Tu comprends?! hurle-t-il, ponctuant sa dernière question en cognant la tête de Sasha sur le bitume. Le temps d'une inspiration, Lee a l'impression d'avoir dit quelque chose de trop. Eclair froid de lucidité qui dissipe les lambeaux de folie qui l'aveuglent. Sans elle, il devient dingue, bien plus qu'il ne l'est lorsqu'elle est à côté de lui. Sans elle, il est incapable de gérer les pulsions meurtrières qui l'agitent, il s'en prend à la première venue. Bordel, il a déjà semé un cadavre d'humain derrière elle. Certes, elle valait pas grand chose cette vie mais quand même...les épaules de Lewis s'affaissent brusquement et c'est un soupir à fendre l'âme qu'il exhale. Regarde ce que tu fais de moi... semble-t-il se murmurer à lui-même. Sans elle, il ne vaut guère mieux que les monstres qu'il traque. Dur, pour son ego, un tel constat. Se laissant soudain tomber contre Sasha, Lewis niche son visage au creux du cou de la louve comme un enfant. Serre moi contre toi, Sasha... demande-t-il à voix basse, les lèvres contre sa peau, en prenant les poignets de la jeune femme pour les croiser dans son dos. Comme à New York la première fois que je t'ai fait confiance et que je t'ai détachée.
Sujet: Re: But I'm only human + Lesha Dim 19 Oct 2014 - 14:44
And I bleed when I fall down
Lewis ∞ Sasha
Le souffle que la jeune Ivanova arrive à sortir de ses poumons est saccadé, souffrant. Elle a du mal à respirer, elle ne sait pas trop comment s'y prendre pour arrêter de souffrir. Et pourtant, lorsque les mots, ces mots terribles, sortent de la bouche de Lewis, elle le croit. En trois ans, elle a apprit énormément de lui, le connait par cœur. Et elle sait que sa main sur sa gorge n'est rien comparé à ce qu'il finirait inévitablement par lui faire. Et en un rien de temps, son éclat de courage, éclat qui a tôt fait de disparaître pour ne laisser place qu'à la terreur et à l'appréhension des événements qui ne tarderaient pas à suivre, n'existe plus. Sasha se demande même comment elle a pu croire que se révolter était une solution. Brièvement, la jeune femme ferme les yeux. Elle ne veut plus le voir. Pendant une seconde, elle se met à espérer que toute la situation n'est qu'un cauchemar dont elle se réveillera forcément. Que Lewis n'est pas là devant elle, menaçant, près à lui faire subir les pires souffrances sans qu'elle ne puisse rien y faire. Non, pendant une seconde, elle fit comme si elle se trouvait face à Cooper, aux côtés de James ou bien à sourire à Ichabod. Pendant cet instant terrible, elle fut même tentée d'y croire, se laissant emporter par ses fantasmes bien trop irréels. Elle revoyait sa vie ici, ses nouvelles amitiés, cette confiance mutuelle installée avec des personnes comme elle, des personnes cassées, des personnes qui avaient un défaut de fonctionnement qui les rendait unique. Quelque part, elle savait que Lewis était une de ces personnes. Et elle comprenait d'autant plus qu'il puisse s'accrocher à elle comme un noyé s'accroche à sa dernière chance de survie. Parce que s'il était devenu son repère, son phare dans un monde qu'elle ne connaissait plus vraiment, à trop avoir été enfermée dans ce petit appartement sombre, elle était devenue le sien. Alors même que la question de savoir pourquoi lui brûlait les lèvres et que sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, les avait franchi, elle comprenait qu'elle en saisissait déjà les tenants et les aboutissants. Mais elle voulait l'entendre dire. Que tout ce qu'elle avait fait jusque là n'était pas seulement de la survie parce qu'il le voulait bien. En une fraction de secondes, Sasha n'avait plus eu de monde. Tout ce qu'elle avait, ce qu'elle pensait, les projets d'avenir, ses problèmes de couple … Tout avait été balayé d'un coup de vent. Alors elle avait cette impulsion, ce besoin de savoir que ça avait un sens. Pourquoi elle ? Pourquoi ce chasseur lui était tombé dessus, et pourquoi ne l'avait-il pas tuée alors que tant d'autres avaient été massacrés ? Elle se revoyait encore passer cette première nuit chez lui. Cette nuit terrible. Et elle se souvenait avoir pensé qu'elle ne tiendrait pas la distance. Que le lendemain matin, si elle ne faisait rien, elle serait morte. Sa blessure la faisait souffrir, atrocement, mais elle avait tenté de s'enfuir. Si elle avait su … Si elle avait su ce que lui réservait l'avenir, n'aurait-elle pas tout fait pour ne pas être cette Élue ? La louve qui resterait en vie, peu importe le prix qu'elle aurait à payer ? Sans doute que non, car le savoir n'a rien à voir avec l'expérience. Plongée dans son introspection , Sasha était en dehors de la réalité.
Mais cela ne dura qu'un temps. Lewis reprit la parole, lui glaçant le sang dans les veines. Elle aurait voulu se révolter, lui crier au visage qu'elle ne lui appartenait pas, qu'elle ne lui avait jamais appartenu. Qu'elle était originaire de cette ville et que si elle avait un maître, ce n'était certainement pas lui. Qu'elle ne redeviendrait jamais son esclave, qu'elle réussirait à partir, qu'il ne pourrait pas la garder éternellement en laisse. Mais ce n'était que mensonges. Alors doucement, elle acquiesça, apeurée. Oui, elle était sienne, et ce depuis le jour où elle avait été enfermée dans ce coffre, même si elle n'en avait pris conscience que bien plus tard. Elle aurait voulu que ce ne soit pas le cas, vivre la vie tranquille d'une femme d'une vingtaine d'années, avec ses bas, ses hauts, ses passions, son métier. Une vie bien fade lorsque l'on considérait ce qu'elle avait appris de la sienne. Elle ne dit rien de plus. Il n'y avait rien à dire à l'énoncé d'une évidence. Et elle en avait déjà trop dit. Ce petit soupçon de liberté qu'elle s'était octroyé lui avait donné bien trop d'illusions sur ce qu'elle était capable de faire. Et sans même qu'elle s'en rende compte, elle avait dépassé les limites de ce que Lewis pouvait supporter. La russe ne le comprit que lorsque le poing de l'homme s'écrasa à côté d'elle, la faisant sursauter. De ses lèvres s'échappa un gémissement apeuré, et elle ferma les yeux, son cœur galopant dans sa poitrine. Elle avait bien cru qu'il allait la frapper. Elle sentait déjà le sang dans sa bouche, comme s'il était là. Cette souffrance tant de fois ressentie, et pourtant, elle n'avait rien. Pour le moment, comme il l'avait souligné auparavant. C'était ironique, la manière dont, avant que Lewis ne se montre, elle s'était dit que jamais, même s'il revenait, elle ne le supplierait, quitte à ce qu'il la tue. Sans doute le pensait-elle réellement alors. Mais maintenant qu'il était en face d'elle, exposant sa folie rien qu'en un seul geste, en un seul regard, elle était déjà prête à baisser les armes. Elle abandonnait, c'était aussi simple que ça. Pas totalement, pas encore définitivement, mais son but premier avait changé. Elle ne voulait plus à tout prix garder sa liberté. Elle voulait à tout prix rester en vie. « S'il te plaît … Lewis je t'en prie arrête ça. »
Mais la louve sait qu'il n'arrêtera pas. Parce qu'elle reconnaît les signes des crises qui l'habitent. Dans le corps de Lewis se cache un monstre, et ce monstre-là n'est pas apprivoisable. A côté de lui, son loup n'est rien qu'un amas de lâcheté et de faiblesse. Son loup a appris à n'être qu'un outil, qu'un esclave des envies d'un pervers contaminé par une maladie dont il ne peut rien mais qu'il a tourné à son avantage. Non, son loup ne l'a jamais aidé, et ne l'aidera pas davantage maintenant qu'il est emprisonné au fond d'elle. Lorsqu'elle tombe au sol, entraînée par Lewis, elle ne peut s'empêcher de pousser un petit cri de surprise. Le poids de Lewis ne tarde toutefois pas à lui couper toute respiration, du moins durant les premières secondes. Malgré l'attitude vers laquelle la louve tend, elle ne peut s'empêcher de tenter de le repousser, se débattant comme un diable. Mais elle n'avait aucune illusion. Lewis était bien plus fort qu'elle, et si elle voulait s'en sortir, ce n'était certainement pas par la force physique. L'éclat de folie dans les yeux de son ravisseur ne disparaissait pas. Sasha se sentit faiblir au fur et à mesure de ses paroles, comme si elles seules avaient un quelconque pouvoir sur elle. Et avant qu'elle n'ait pu répondre quoique ce soit, quand bien même une réponse avait pu traverser le tumulte qui régnait actuellement dans son esprit, elle sentit sa tête heurter violemment le sol. Pendant une seconde, elle ne vit plus rien. Tout son corps, tout son être semblait s'être mué en un seul état : la douleur. Elle eut envie de crier, mais la seule chose qui put sortir de ses lèvres fut un grognement. Sourd, blessé. La bête au fond d'elle souffrait, s'était recroquevillée sur elle-même dans l'espoir que ce mal partirait plus vite, laissant Sasha pantelante, faible. Comme toujours.
D'instinct, elle eut un mouvement de recul, comme si elle attendait le prochain coup, qui ne tarderait pas à venir la heurter de plein fouet, lorsque Lewis se rapprocha d'elle pour coller son corps contre le sien. Mais la violence semblait terminée, du moins pour le moment. Sasha aurait pu tout aussi bien tenter de partir. Avec un peu de chance, elle aurait le temps d'atteindre la foule avant que l'homme ne la rattrape. Mais il savait très bien comment lui parler. New-York. Elle se souvenait bien de cette nuit-là. Cette nuit où elle avait eu le même geste de recul. Elle était restée longtemps au sol, peu sûre de vouloir bouger. Comme s'il allait la frapper, la lacérer de toutes parts dès qu'elle se lèverait. Puis finalement, elle l'avait fait. Elle aurait pu tenter de partir. Ç’aurait été simple. Pas aussi simple que son réel départ qui lui avait été donné, mais simple tout de même. Elle n'aurait eu qu'à le tromper. Lui faire croire qu'elle se souciait, faire ce qu'il voulait, le prendre dans ses bras, lui servir de défouloir, d'objet, puis s'enfuir une fois l'acte fait. Parce que c'est ce qu'elle était. Un objet. Tantôt servant à apaiser sa violence, comme cette chaise brisée plus tôt, soit à combler son manque d'affection, lui servant de femme, malgré le fait qu'elle ne se sente plus ainsi depuis longtemps, comme s'ils formaient un couple plus ou moins normal. Et même des années plus tôt, elle l'avait compris. Le seul problème était quelle se souciait. Réellement. Pas parce qu'elle y était obligée. Pas parce que sans ça, elle serait morte. Mais parce que cet homme, allongé sur ce lit, la serrant contre lui, n'était rien d'autre qu'un être détruit. Elle l'oubliait, souvent. Elle l'avait oublié le jour de son départ, ou lorsqu'il la frappait ou faisait couler son sang d'une toute autre manière. Mais maintenant, elle se souvenait. Alors elle le serra contre elle. « Je suis désolée, je suis vraiment désolée. » Et quelque part, elle le pensait réellement. Mais elle ne pouvait pas l'accepter. Pas encore. Alors d'un coup sec, elle fit remonter sa jambe qui heurta le corps de Lewis. Elle savait que la force du loup qu'elle abritait lui donnerait la force nécessaire pour lui laisser le temps de rouler de côté pour se relever. Elle ne pouvait se résoudre à lui faire plus mal que cela, malgré tout, de peur que son propre corps la trahisse. Glissant au sol, la tête qui lui tournait, Sasha commença à courir.
Elle savait très bien qu'il la rattraperait. Elle en était même persuadée. Mais elle ne cherchait pas vraiment à le fuir lui. Elle voulait retrouver la foule. Qu'il ne puisse pas avoir ce pouvoir, le pouvoir qu'il avait sur elle lorsqu'ils étaient seuls quelque part. Elle eut l'impression que le trajet jusqu'à la porte durait une éternité. Elle crut même qu'il la rattrapait alors qu'elle ouvrait le battant, l'attirant en arrière. Mais non, en moins de temps qu'il n'en fallait pour y réfléchir, la musique l'enveloppa, bien trop bruyante. Sans réfléchir, elle s'engouffra sur la piste de danse.
Sujet: Re: But I'm only human + Lesha Dim 19 Oct 2014 - 23:42
De pitié, Lewis n'en a pas fait preuve depuis plus de vingt ans et ce n'est pas le monstre qui l'habite qui en fera montre à son tour. Aux suppliques, aux prières, il ne répond que par un rire moqueur, alors, quand Sasha lui demande d'arrêter, il ne peut réfréner ce ricanement qui secoue à peine ses épaules. Durant les trois années de détention de la louve, Lee a été plus empathique avec ses instruments de torture qu'avec sa victime. Ce triste constat ne changera pas maintenant qu'elle se croit libre. La croyance et la foi sont d'ailleurs des concepts extraordinaires, cette faculté que l'on peut avoir de se persuader - de profondément se persuader - de quelque chose. La liberté de Sasha en est une car le monstre ne la lâchera jamais. Le spectre noir de Lewis s'accroche à elle et, parfois, il a besoin de savoir que quelque chose est aussi accroché à son lui. En parfait paradoxe vivant, Lewis dissipe la rage et la colère pour retrouver une attitude douceâtre et enfantine. Paupières closes, il soupire au creux de l'épaule de Sasha. Un long soupir qui passerait presque pour une délivrance comme si tout ce qu'il avait voulu d'elle depuis qu'il avait refermé cette porte derrière lui c'était retrouver cette proximité perdue. Il lâche les bras de la louve noués dans son dos et pose sagement sa main sur sa hanche en lui faisant cette demande qui pourrait passer pour une aberration aux yeux de tous. Mais pas pour eux. C'est ainsi qu'il fonctionne, Lee. Il explose, il détruit, il est violent et les secondes d'après, il se montre attentif et affable. L'étreinte molle autour de lui s'affermit, Sasha obéit. Cette bataille, une de plus, semble se terminer de la seule façon que Lewis accepte. L'abdiquation de la louve. Sa soumission. Son abandon. L'odeur de la peau de Sasha est celle des nuits sans cauchemar aux yeux rouges, des nuits sans rêves et l'enfer seul sait à quel point cela a pu lui manquer. Il sent la joue de la louve s'appuyer légèrement contre sa tête alors qu'elle tourne à peine la sienne pour parler. Et un son distordu résonne aussitôt dans le crâne du chasseur. Ce n'est pas l'homme qui s'alarme, c'est la créature prédatrice qui traque d'autres prédateurs qui s'alarme.
Désolée? Désolée pour quoi? Lee rouvre les yeux, s'apprête à s'écarter de Sasha mais cette dernière en profite pour lui décocher un coup dans les côtes. C'est plus la stupéfaction que la sensation physique qui fige Lewis laissant là une précieuse aubaine à la lycanthrope pour se soustraire à lui. Elle file, rampe, pousse sur ses talons pour se relever difficilement. Bordel. Sasha! Lewis relève un genou, se redresse alors que la porte s'ouvre vomissant un flot de notes stridentes. SASHA! Elle disparaît dans la boîte. Putain, c'est pas vrai. Non, non, non. Elle ne l'abandonnera pas une seconde fois. Lee se rue jusqu'à la porte qu'il ouvre à la volée. Trois clients s'apprêtent à sortir alors que lui doit entrer. Sans ménagement, il les tire au dehors, ignorant leurs imprécations, avant de se retrouver au milieu d'une foule un peu clairsemée aux abords de cette sortie. Son regard balaie la masse humaine sautante et trémoussante sous les flashes des stromboscopes qui décomposent les moindres gestes des danseurs. Pas un son ne franchit les lèvres de Lewis mais elles s'agitent, promettant silencieusement à Sasha des tourments qui seront la nouvelle norme en Enfer. Automatisme de chasseur, Lewis sort de sa veste un paquet de Marlboro rigide dans lequel se trouve tout sauf des cigarettes. Sans cesser de chercher Sasha du regard, il glisse la seringue dans sa main. Du tue-loup distillé à un niveau qui provoque l'hébétude chez les loups mais ne les tue pas. Sérum issu de longues expérimentations sur Sasha qui, ironiquement, va subir les effets de ce qu'elle a aidé à concevoir.
Des silhouetttes bousculent Lewis mais il n'a d'attention que pour une seule. Et c'est celle-ci, celle qui reste statique au milieu de la piste de danse. D'un pas décidé, il fend la foule compacte des danseurs parvenant jusqu'à elle. Elle doit se douter qu'il est derrière elle pourtant Sasha ne prend pas ses jambes à son cou. Elle se contente de rester là comme si la masse des danseurs la préservait de lui, de son influence. Fronçant le nez, Lewis se glisse dans le dos de la lycanthrope, posant une main sur sa hanche, avançant jusque sur son ventre où elle s'arrête. Doucement mais fermement, il l'attire contre lui, son dos appuyé contre sa poitrine. Son menton se cale sur l'épaule de Sasha. Tu sais comment on reconnaît un imbécile? Il ose tout et toi, Sasha...tu oses beaucoup de choses en quelques minutes. Oscillant lentement comme les couples de danseurs autour d'eux, il poursuit. Si tu crois que tous ces gens vont te servir d'écran contre moi, tu te trompes. Pas besoin de s'étendre sur la présence du sérum dans sa main, Sasha le connaît suffisamment pour savoir que les menaces de Lee ne sont certainement pas à prendre à la légère. La gardant serrée contre lui, il la contourne pour lui faire face. Un sourcil arqué, il baisse les yeux sur elle. Pourquoi tu ne t'es pas encore enfuie? Déjà lasse de vivre libre et dans la crainte? Ou bien...il y a autre chose... susurre-t-il en approchant son visage de celui de la louve, ses lèvres frôlant les siennes. Personne sur cette planète ne tiendra autant à elle que lui. Il réduirait des villes en cendres pour la retrouver, il irait jusqu'en enfer et aucun prix à payer ne serait trop fort. Elle n'a à redouter qu'une seule personne, lui, car il ne laissera jamais qui que ce soit s'en prendre à elle. Possessif, jaloux, exclusif, des défauts qui sont des gages de malheur mais la promesse ferme d'une protection sans conditions. Et s'il doit la ravir une fois de plus, il le fera jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux sur eux. S'il doit lui injecter le tue loup, qu'il n'a toujours pas rangé, directement dans la cuisse, il n'hésitera pas. ...une partie de toi a besoin de moi. poursuit-il, diabolique et lascif, en posant ses lèvres à la commissure de celles de Sasha.
Sujet: Re: But I'm only human + Lesha Ven 14 Nov 2014 - 19:22
And I bleed when I fall down
Lewis ∞ Sasha
Cours, putain barre-toi de là Sasha. On pourrait croire que la louve en écouterait automatiquement son instinct. Mais sans qu'elle ne sache pourquoi, elle était persuadée que ce n'était pas la solution. Car au-dehors n'existait que ténèbres. Au-dehors, elle pourrait courir, elle pourrait tenter de fuir, il la rattraperait toujours. Et elle ne voulait pas avoir à se cacher toute la nuit, la peur de voir son pire cauchemar resurgir devant elle. La seule chose qui l'importait maintenant était de retrouver sa famille. La louve donnerait tout pour ne serait-ce que les entrevoir une dernière fois. C'est cela qui lui avait donné la force de lui échapper une première fois, puis une deuxième, alors pourquoi pas réitérer l'exploit? Il fallait qu'elle réfléchisse, qu'elle trouve une dernière solution... Elle pouvait bien tenter de trouver quelque part où se cacher jusqu'à la fermeture de la boîte mais aller s'enfermer dans un placard et se bloquer toute issue n'était pas conseillé. Passer par les toits ? Mais pour aller où ? Elle était une lycanthrope, pas un oiseau. Figée au milieu de la piste de danse, le cerveau de Sasha tournait à plein régime. Mais ce n'était pas suffisant, elle ne trouvait rien. Elle pouvait essayer d'appeler son père. Ou Cooper. Ou mieux, Ichabod. Ce dernier pourrait la protéger, elle en était persuadée. Un wendigo, après tout, était sans doute la meilleure des protections ... Pour une louve.
Les mains tremblantes, avec une précipitation sans doute dangereuse dans le lieu où elle se trouve, elle sort de sa poche le petit téléphone qu'elle a acheté récemment dans une boutique coincée entre deux maisons, le long de la rue principale de Kingsbury. Elle ne l'a pas payé cher mais autant qu'elle puisse l'estimer en ayant passé trois ans dans le noir, le modèle est plutôt récent. A l'intérieur, une simple photo de James et elle, Ichabod en train de faire ses cartons, et trois numéros. Seulement trois. La brune sent ses poils se hérisser sur ses bras, signe que le prédateur n'est pas loin. Elle aurait préféré le mettre hors d'état de nuire quelques minutes mais elle ne se faisait pas d'illusion. Lewis ne se laissait pas faire, jamais. Elle avait mis trois ans avant de s'échapper. Trois ans, où il n'avait pas faibli une seule fois. Sauf peut-être la dernière. Il avait fait une erreur, et maintenant il n'en ferait plus. Elle avait pris le coche, mais à l'heure actuelle, elle risquait de le perdre. Collant l'appareil à son oreille, elle entendit avec soulagement les bips signalant l'appel. C'était tout juste si, de nervosité, elle ne sautillait pas sur place. Mais de toute manière, ce n'était que mieux pour coller à l'ambiance. L'espoir est tout de même une drôle de chose. On peut ne pas en avoir une once à l'esprit durant trois ans, lorsqu'il revient, il emplit tout l'espace disponible, comme une ressource vitale, comme si sans espoir, tout était vain. On s'en repaît, on s'y complaît, on apprend à y être accroc. Puis du jour au lendemain, tout nous est enlevé. Puis revient. Puis repart. Et c'est ainsi qu'après avoir espéré être sauvée alors que tout semblait impossible que la réalité là rattrapa, par le biais d'un corps collé contre le sien. Sasha frissonna, sursauta, la tête lui tourna, et l'objet qu'elle tenait contre son oreille vint dégringoler sur le sol sans qu'elle ne fasse un seul mouvement pour le rattraper, trop préoccupée par Lewis. Elle avait envie de vomir, envie qu'il s'éloigne d'elle, qu'il la lâche. Comme s'il n'était qu'un poison pour elle. Mais un poison pareil à l'espoir, de ceux qu'on apprend à aimer parce qu'on a pas le choix. Personne ne nous donne le choix d'espérer ou non, le bonheur dépend de cela. Sans doute qu'aimer Lewis n'était pas plus un choix pour Sasha. C'était vital si elle voulait y survivre. Mais pourtant, elle ne le voulait plus, maintenant. Elle songeait à laisser tomber. Pas dans le sens que le chasseur apprécierait pourtant, elle en était persuadée. Mais elle ne retournerait pas avec lui. Elle n'était pas bête pour autant. Elle le connaissait assez pour savoir que s'il était derrière elle, la voix presque tranquille, c'était qu'il savait ce qu'il faisait. Lewis savait toujours, lorsqu'il chassait. Et si la première fois elle n'avait pas réellement eu droit à sa traque, elle en faisait les frais cette nuit.
Sasha aurait tellement aimé pouvoir s'enfuir une dernière fois. Ramasser son téléphone, partir en courant à travers la foule, en espérant que personne n'aurait la bonne idée de poser le pied dessus, et retrouver sa liberté. Mais qu'en savait-elle ? Etait-elle encore en mesure de parler liberté alors que son geôlier reprenait petit à petit emprise sur son être ? « Tu peux m'insulter autant que tu veux, je ne retournerais pas avec toi, Lewis. » Bien qu'elle se veuille assurée dans son discours, la louve n'en gardait toutefois pas le ton, et sa voix était plus tremblante qu'autre chose. Mais la crispation de ses mâchoires en disait long sur ses intentions. « Je ne me fais pas d'illusion sur ce que tu peux faire Lewis. Mais je me demande si tu es assez intelligent pour te demander ce que moi je peux faire. » Plus elle parlait, toujours sans le voir vraiment, bien que sa chaleur corporelle envahisse tout son corps - même si elle aurait préféré que ce ne soit pas le cas -, plus elle prenait de l'assurance. Ca ne lui plairait pas. Ca non ça ne lui plairait pas. « Oblige-moi, torture-moi si c'est ce que tu veux … Mais ne crois pas que je continuerais à vivre comme ça. Je peux faire de ta vie un enfer, juste en m'enlevant la mienne. » Elle avait tourné la tête vers Lewis, comme pour attendre une réaction. Mais ce n'était pas vraiment le cas. Il pouvait dire ce qu'il voulait, elle savait que si elle était encore en vie, c'était parce qu'il n'arrivait pas à se convaincre de la tuer. Parce qu'elle était son jeu. Et qu'un jeu qui ne court plus, qui ne parle plus et surtout qui ne se transforme plus n'était pas vraiment souhaitable pour le Carlton. Sasha n'avait jamais été suicidaire. Elle avait passé des temps difficiles, mais sans doute pas assez pour se convaincre qu'elle serait mieux morte. Jusqu'à aujourd'hui. S'il la tuait, elle en arrivait à se dire qu'elle avait gagné. S'il ne le faisait pas, elle le ferait de toute façon. A moins qu'elle retrouve sa liberté.
Lorsque Lewis, maintenant face à elle, posait ses lèvres pratiquement sur les siennes, Sasha frissonna. Elle se força à n'avoir aucune réaction. Jamais elle ne lui montrerait à quel point il avait raison. A quel point il avait cette emprise sur elle, bien au-delà de sa force. La seule chose qui lui donnait envie de partir était ces chaînes qu'il s'évertuait à vouloir lui passer autour du cou. Ironique comme les choses auraient été beaucoup plus simples pour lui comme pour elle s'il n'avait pas voulu la couper de son monde. Il aurait pu la prendre par surprise, la rendre naïve au point qu'elle se propose elle-même pour ses expériences. Mais à la place il avait voulu jouer l'absolu. Et quoiqu'il en dise, il était en train de perdre. De la perdre. Malgré tout les sentiments qui semblaient se battre au fond d'elle, la liberté était sans doute son besoin le plus fort. « Tu te trompes. T'aimerais que je ressente ce que tu ressens pas vrai ? Me rendre aussi malade mentalement que toi. Mais je le suis pas. Je veux juste retrouver ma famille, mais ça tu peux pas le comprendre hein ? » Et aussi vite que le sentiment d'être sur la bonne voie était apparu, celui d'avoir dépassé les limites le rattrapa.
Sujet: Re: But I'm only human + Lesha Mer 3 Déc 2014 - 13:27
A la première phrase de Sasha, Lewis laisse filer un bref ricanement que ne renierait pas une hyène. Il n'a pas pour coutume de demander l'autorisation à qui que ce soit pour faire quoi que ce soit. Les limites qui avaient été érigé par une éducation familiale avaient volé en éclats lorsqu'un loup avait déchiré les siens. Les vertus de l'humanité avaient fui son être, les unes après les autres jusqu'à ne laisser qu'un monstre à visage d'homme. Sasha a horriblement raison en ne s'illusionnant pas sur l'absence de limites du chasseur, sur son extrêmisme, sur son jusqu'au boutisme. Elle a tout aussi raison en énonçant à demi-mot cette incompréhensible vérité...elle est le seul être que Lewis rechigne à exécuter purement et simplement. Sa fuite a plongé le chasseur dans une rage sans précédent et si sa disparition se faisait irréversible, le pays connaîtrait un nouveau tueur médiatique aussi insaisissable qu'infernal. Mais le chantage au suicide ne fonctionnera pas car Sasha possède dans son malheur quelque chose qui a toujours fait cruellement défaut à Lewis. Quelque chose à quoi on se raccroche dans les pires moments de sa vie. Quelque chose que rien ne peut défaire même si on le veut de toute son âme. Une famille. Pour elle, Sasha pourrait continuer à subir Lee indéfiniment en se nourrissant de l'espoir fou de les revoir. C'est cette force immatérielle qui pousse la louve à prononcer ses dernières paroles dans ce lieu bondé. Ce stupide espoir qui peut renverser des montagnes et qu'il n'a jamais réussi à étouffer. Quelques secondes de silence s'écoulent alors que Lee fait face à Sasha, regard clair rivé à ceux de la louve, visage impénétrable et inexpressif. Oh que si, il peut comprendre cette quête. Il sait parfaitement de quelle nature sont les sentiments qui vous torturent lorsque vous cherchez désespérément à retrouver quelque chose de perdu. Si pour lui, tout est foutu sur ce plan, ce n'est pas le cas de Sasha et Lewis en est malade de jalousie. En effet. Je suis sans famille mais la faute à qui, Sasha? articule-t-il soigneusement d'une voix délicate. Un sourire désarmant d'innocence étire ses lèvres et l'espace d'une fraction de seconde, c'est une lueur presque humaine qui apparaît au fond des yeux clairs. Comme une profonde et bouleversante mélancolie rapidement éjectée par une sombre rage. Ceux de ton espèce.
Sans aucun préambule, Lee enfonce l'aiguille de la seringue dans la cuisse de la louve. Elle a été loin, bien trop loin, évoquant des zones d'ombre que Lewis refuse à quiconque. Son passé. Sa famille. La raison de sa plongée dans des ténèbres qui ne le lâchent plus. Le chasseur traîne dans son sillage une horde de fantômes mais les seules voix spectrales qui possèdent encore un nom, un visage et exercent une certaine influence sur lui ne sont que trois. Des souvenirs qu'il entretient avec masochisme et qu'il refuse de voir s'effacer au fil du temps car telle est sa pénitence pour ne pas avoir été capable, alors, de sauver les siens. Sans sourciller, il appuie sur le piston, injectant dans l'artère de la lycanthrope le poison dont le dosage est parfaitement adapté à son métabolisme. Un lent décompte s'amorce sous le crâne de Lee. Quelques secondes et Sasha se sentira glisser dans une atmosphère pâteuse, de plus en plus groggy jusqu'à être complètement hébétée. Elle titube et Lewis la laisse esquisser quelques pas chancelants, la rattrape avant qu'elle ne s'écroule contre un inconnu. Un sourire adressé à ce danseur sans nom, une excuse sincère couplée à une mine un peu honteuse et le rideau peut tomber sur la mascarade. Soutenant la lycanthrope, il accompagne la marche approximative de la louve jusqu'à la sortie de la boîte. Aux yeux de tous, ils ne seront qu'un couple dont la femme a un peu trop abusé de la bouteille et que le compagnon ramène au logis. La suite? Elle aura lieu dans une bâtisse abandonnée à l'extérieur de la ville.
Lewis a pris soin de choisir un bâtiment désert et délaissé même des squatteurs. Dans ces lieux décrépis où le temps et la nature reprennent leurs droits sur la construction humaine, le désespoir suinte des murs. Aucun sentier façonné par des allées et venues ne mène dans la maison. Aucune oreille, même passagère, dans un large rayon, il y a veillé. Si un intrus devait débouler de nulle part, il tombera immanquablement dans l'un des pièges que Lewis a placé dans la jungle végétale qui entoure la masure et qui fut un jardin. Dans ce qui semble avoir été un salon de taille acceptable, on retrouve Lewis et sa proie. Si l'une est étroitement entravée sur un sommier, l'autre est posté tel un vautour sur le dossier d'une chaise, pieds à plat sur le paillage défoncé du siège. Bras croisés sur les cuisses et tête penchée, il attend que sa proie ouvre enfin les yeux et pose autre chose qu'un regard vitreux sur ce qui l'entoure. Derrière son perchoir, un sac de sport noir entrouvert laisse deviner la présence d'une batterie électrique et de divers objets dont l'éclat argenté révèle la nature. Le peu de mobilier autour d'eux est pulvérisé et les murs portent des traces de leur rencontre avec ce dernier. Papier peint écorché, surface crépie éraflée, les quatre murs sont de plus constellés de trous ovales. Les longues entailles luisantes dans l'obscurité et qui zèbrent les mains de Lewis trouvent soudain leur origine pour qui le connaît. Il aurait du, il aurait pu se défouler sur le corps inerte et sans défense de Sasha. Après tout, cela n'aurait pas été la première fois qu'il se serait abandonné dans les bras brûlants de la rage aveugle sur la carcasse de la louve. Ce soir pourtant, c'est sur son environnement que la fureur a préféré s'exprimer. Au mépris de ses nerfs et de sa peau qui s'arrachait, Lewis s'est acharné sur tout ce qui tenait encore debout dans la pièce. Un fauve sauvage enfermé dans une minuscule boîte n'aurait pas fait mieux. Combien de temps avant que la folie ne se décide à terminer son festin et ne lui dévore les quelques grammes de lucidité qui lui reste? Combien de temps avant qu'en lieu et place de ses pieds et de ses poings, Lewis ne se mette à cogner les murs avec son crâne? Ses dents grincent dans le silence. Son regard glacial est plongé dans le vide. Chacun de ses muscles est tendu. Et depuis peu, une perçeuse invisible essaie de lui transpercer les tempes. Déroulant le dos, il lève les bras au plafond, mains qui se rejoignent et il s'étire comme un chat émergeant d'une profonde sieste avant de descendre de son perchoir. Ses bottes foulent un carrelage crasseux tapissé de feuilles mortes et à pas lents, il s'approche de Sasha dont les yeux commencent à s'agiter derrière ses paupières closes. Posté à côté d'elle, Lewis fronce le nez de colère, le visage envahi par une expression de rage mais c'est une tendresse et une douceur malveillante qui lui fait tendre la main, glisser ses doigts dans les longs cheveux de la louve, effleurer du bout des doigts les lèvres entrouvertes.